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Par Caroline Meunier Publié le lundi, 19 juin 2017

En enseignement, il est devenu indéniable que la relation entre les élèves et leur enseignant a un immense impact sur leurs apprentissages. Les enfants se sentent en confiance, ils se sentent protégés et ils se donnent enfin le droit à l’erreur. L’enseignant bénéficie aussi largement de cette relation positive. Il peut enfin vivre la réelle portée de sa profession dans le plaisir, dans un climat de travail agréable et il sent qu’il fait une différence.

Par contre, il vient un moment où cette petite famille créée doit se séparer. À mon avis, il existe deux types de rupture: celle de la fin de l’année vécue à tous les ans et celle qui peut survenir à n’importe quel moment de l’année, et ce, pour différentes raisons. La rupture est alors vécue différemment par chaque personne. Par contre, je crois que notre profession est particulière en ce sens; suis-je la seule à avoir vraiment de la peine à laisser-aller mes cocos ?

La rupture de fin d’année

Cette rupture est vécue par tous les enseignants, à tous les ans. Avec un mélange de fatigue, de peine, de soulagement et de plaisir de voir les vacances arriver, il nous faut laisser-aller notre petite famille créée pendant un beau dix mois. Cette rupture est attendue et le moment est préétabli depuis le début de l’année. L’excitation des beaux jours ensoleillés la rendent un peu moins négative et nous nous y préparons. On ferme les cartables, les bureaux sont tous entassés, propres et vides, notre bureau déborde de cadeaux et on enlève les affiches de sur nos murs. Après avoir salué une dernière fois nos anciens élèves, on termine nos bulletins et on rêve déjà à notre sangria bien méritée ! Nous avons le sentiment du devoir accompli et d’avoir mené nos protégés à bon port. Après une petite déprime de deux semaines où le cerveau s’arrête enfin, on se sent le coeur et la tête légers !

La rupture en cours d’année

Cette rupture, à mon avis, est d’un tout autre ordre. Que ce soit pour un arrêt de maladie, pour un congé de maternité ou un retrait préventif, il nous faut quitter nos élèves et les confier à une autre personne. Ce nouvel enseignant qui prendra doucement notre place et qui s’installera dans nos affaires pour leur permettre de vivre de belles réussites et réussir leur année scolaire. Bien entendu, tous les enseignants désirent que leurs élèves se sentent bien et réussissent, mais l’idée de se faire remplacer n’est pas tellement agréable. Tout le chemin parcouru avec eux sans atteindre le but final visé. Cette rupture est difficile… parfois prévue, mais souvent imprévue, notre départ laisse des traces et il est parfois difficile à accepter. Souvent soudain, nous n’avons pas le temps de préparer nos cocos et nous n’avons surtout pas le temps de nous préparer à un nouveau rythme de vie. Les enfants ont une capacité d’adaptation incroyable, mais nous ne sommes plus là. Les petites folies partagées, les projets rondement menés, les efforts mis en place pour chacun, les liens avec les parents, les joies et les peines partagées…

L’enseignement est une vocation et une passion. On s’y investit à 120 % et on y croit ! Le lien créé avec les enfants est réel et puissant. Il est parfois difficile de se concentrer sur nous-mêmes et d’oublier le reste. Le sentiment d’abandon et la culpabilité qui peuvent être ressentis pèsent lourdement sur les épaules.

Quand la dernière cloche de l’année sonne enfin, on se sent alors libéré aussi. Pas pour les avoir menés à bon port, mais pour y avoir participé et pour ne plus s’en faire… Ils sont enfin en vacances et les nôtres commencent réellement aussi !

 

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