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Par Caroline Meunier Publié le dimanche, 5 février 2017

Depuis quelque temps, je me questionne énormément sur l’évaluation des différentes compétences. En effet, je me souviens, pendant mes études, avoir souhaité un cours qui m’aiderait à comprendre et identifier des critères qui me permettraient d’être juste en toutes circonstances pour mes élèves. Par contre, ce souhait ne s’est pas réalisé ! Effectivement, nous apprenons réellement à évaluer les différents travaux présentés aux élèves lorsque nous sommes responsables de poser un jugement sur les compétences de ces derniers. On se fie sur nos critères d’évaluation préétablis, notre jugement et notre compréhension de notre Programme et de la Progression des apprentissages. En cas de doute, on va voir nos collègues et on se fie sur leurs conseils.

En ayant un peu plus d’expérience, l’évaluation est devenue plus facile. Je pose un jugement beaucoup plus rapidement qu’avant, mais j’ai toujours un petit doute… un manque de confiance peut-être ? La peur qu’un parent ne soit pas en accord et que je doive me justifier en m’appuyant sur mon jugement professionnel qui n’a pas toujours énormément de valeur à leurs yeux? Ou… une profonde incompréhension du système éducatif qui est le mien ?

l’évaluation des différentes compétences

Je m’explique :
La Progression des apprentissages est notre point commun. Elle nous explique ce qui doit être terminal ou non selon une année donnée et une notion à enseigner. Dans un Programme bâti par cycle de deux ans, il est parfois difficile de s’y retrouver et plusieurs choses peuvent être interprétées de différentes façons selon le contexte, les milieux et les personnes concernées. Il y a trop de zones grises…

De plus, nous devons évaluer des compétences à l’aide de cotes ou de notes ciblées afin de produire le fameux bulletin chiffré tant attendu par les parents. Nous devons, à l’aide de moyens d’évaluation différents, réussir à quantifier les acquis d’un enfant qui est supposément en train d’acquérir les compétences nécessaires afin de se développer, académiquement, pendant les six années de son primaire.

Les professionnels de l’éducation que nous sommes ne se sont pas considérés à leur juste valeur. Le milieu de l’éducation n’est pas toujours pris au sérieux par les parents-clients. Notre jugement est souvent remis en cause.

Mais… sommes-nous dotés de ce qu’il faut pour être pris au sérieux ?

Une formation universitaire déficiente à plusieurs niveaux, un cadre d’évaluation rempli de zones grises, une Progression des apprentissages qui vise un développement académique selon les capacités des enfants qui peut être matière à interprétation, un bulletin chiffré pour évaluer des compétences en constante progression et des évaluations de fin de cycle standardisées qui teintent notre enseignement… À mon avis, tout cela n’a pas de bon sens !

En Norvège les enfants ne seront pas évalués avant la troisième année du primaire

La Norvège vient  de trancher; les enfants ne seront pas évalués avant la troisième année du primaire ! Pourquoi ne pas faire la même chose ? Il faut aussi laisser tomber les cotes et les notes chiffrées ! Il est impensable de quantifier une compétence ! On laisse alors la chance aux enfants de profiter de plusieurs situations d’apprentissages signifiantes, d’apprendre par le jeu et de bénéficier de temps pour solidifier des bases importantes. On dresse un portrait aux parents avec un portefolio de travaux, on diminue l’anxiété et on laisse ces jeunes cerveaux se développer dans un environnement enrichissant et confortable. Ils progresseront également à l’aide d’enseignants passionnés, flexibles et centrés sur les apprentissages plutôt que sur les évaluations, les moyennes et les fameuses analyses des taux de réussite. L’autonomie professionnelle est préservée, on se réinvente pour modéliser, fournir un enseignement de grande qualité et on respecte notre Programme par compétences.

Nous sommes les professionnels de l’éducation. Nous travaillons auprès des élèves qui seront les grands citoyens de demain ! Avant de réformer à nouveau tout notre système, pouvons-nous nous arrêter et considérer ce que nous avons ? Travailler sur les failles, mettre nos forces en commun, se doter d’un cadre clair et juste, répondre efficacement aux besoins des élèves et non à ceux des parents et permettre un développement maximal pour nos enfants ?

Plusieurs enseignants se posent les mêmes questions que moi. Plusieurs ont des solutions formidables qui valent la peine d’être écoutées. Mais… qui veut et va nous entendre ?

 

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Une réponse à “Des notes sans valeur”

  1. Sabrina Friedman dit :

    Je me dis exactement la même chose! Vous résumez tellement bien le fond de ma pensée!

    Je suis spécialiste en anglais langue seconde au primaire. Je dois évaluer, tout comme en français, 3 compétences, à raison de 2 fois dans l’année. La différence, c’est que je vois mes groupe seulement 40 fois au cours de l’année scolaire, sans compter les périodes d’enseignement manquées dûes à des activités de masse. Je dirais donc que j’ai 36 cours, d’environ une heure chacun, par groupes, par année. Afin de poser un jugement qui est sommairement proche de la réalité, je dois faire aux moins 2 évaluations par compétences, fois 3 compétences, deux fois dans l’année… c’est au minimum 12 évaluations… sur 36 cours… j’enseigne quand là-dedans! Et où est le plaisir de la découverte d’une autre langue/culture pour les élèves, quand ils passent le tier de leurs cours d’anglais en évaluation?

    Oh! J’oubliais presque… j’ai en moyenne 400 élèves par année!! C’est un peu fou, non?

    Les enfants font de l’anxiété juste à entendre les mots étudier et test. Certains parents trouvent que l’étude en anglais, en plus des autres matières (et des activités parascolaires de leurs enfants!), c’est trop…

    Laissons les enfants être des enfants et avoir le bonheur et le plaisir de se développer à leur rythme, sans avoir à tout quantifier par une note.

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